***Chapitre 12 La chine*** (Partie 1)
Le surlendemain après une escale à l'ouest de l'Afrique pour la nuit, nos quatre jeunes gens volaient en direction de la Chine, pendant le vol tout le monde s'interrogeait...
T : Bon, on passe par où en premier ?
I : Moi j'opterais pour Shaolin, j'ai bien envie de rencontrer ces moines dont vous m'avez tant parlé !
Z : Ça aurait été une bonne idée mais depuis que Tian Li et devenu Grand maître du temple, il a énormément de choses à faire, il est certain qu'il sera bloqué par ses obligations et qu'il ne pourra pas venir...Mais nous ne manquerons pas de lui rendre visite en temps voulu pour lui annoncer la nouvelle !
E : Tu as raison, inutile de le déranger avec une question dont nous connaissons déjà la réponse...
Z : Moi, j'ai bien envie d'aller voir Zhu et Mai Li à Pékin, en plus on sera des invités de marque !
T : Soit, et en plus j'adore le cuisinier, on va arriver vers midi je sens qu'on va se régaler...
Z : Tu ne penses qu'à manger Tao ! On croirait Sancho...
T : Je ne vois pas de quoi tu parles j'aime la bonne cuisine c'est tout...
Indali riait, Zia et Esteban firent de même quelques instants plus tard, puis ce dernier mit le cap sur pékin.
Vers midi le condor survolait la cité interdite, mais ils étaient trop haut pour être vus de quiconque...
T : Esteban ? Qu'est-ce que tu fais ?! Tu ne te poses pas ?!
E : Tu plaisantes j'espère ? Tu ne crois quand même pas qu'on va se poser comme ça dans la cour, on ne fait jamais ça voyons... On est chez l'empereur de Chine quand même... Qu'est-ce qu'il t'arrive ces derniers temps tu es complètement ailleurs, on a toujours procédé ainsi pourtant...
T : Je n'en sais trop rien, ça doit être le manque de sommeil...
I : Je ne préfère même pas penser à l'heure à laquelle tu te couches, je ne tiens jamais jusque-là et je vais dormir avant toi tous les soirs...
Z : J'espère que tu ne t'endormiras pas à notre mariage, essaye de plus dormir, Tao, c'est important...
Esteban se posa dans un coin reculé non loin de l'endroit où ils avaient rencontré Mai Li et son cerf-volant pour la première fois, Tao repensait comme à chaque fois qu'ils revenaient à ce bon vieux cerf-volant.
E : Bon, qui se dévoue pour nous annoncer cette fois ?
T : Je crois bien que c'est à mon tour si je ne me trompe pas... C'était toi la dernière foi Zia non ?
Zia lui répondit que oui, puis Tao commença à descendre pour aller au palais... Mais il fut stoppé par Esteban qui lui tendit leur laisser passer...
E : Ne l'oublie pas, ça serait dommage de devoir revenir le chercher...
Tao le récupéra et partit en leur disant de le rejoindre dans environ une heure.
Juste après le départ de Tao, Esteban, Zia et Indali se mirent à discuter.
E : Indali, es-tu sûre que Tao va bien ?
I : Bien sûr. Pourquoi me demandes-tu cela ?
Z : Eh bien il est très étrange, en ce moment il oublie beaucoup de choses, il est souvent dans la lune, on commence à s'inquiéter pour lui...
Indali parut étonnée comme si elle ne comprenait pas, elle n'avait rien remarqué, quel genre d'amie pouvait-elle être si elle ne voyait pas que son meilleur ami pouvait avoir un problème ?
Puis elle prit un air honteux, avant de reprendre la discussion.
I : Je dois admettre, que je n'ai rien remarqué, je l'ai toujours connu dans la lune, et tête en l'air, enfin depuis une dizaine d'années, il est peut-être un peu plus calme depuis mon premier voyage avec vous... Mais comment est-il en général ?
E : Tao, fidèle à lui-même, toujours dans ses recherches, dynamique, toujours excité quand il fait une découverte, et bien sûr en règle générale, oublier quelque chose est quasiment impensable pour lui...
Z : Mais le plus flagrant c'est que d'habitude il exprime toujours ses pensées à voix haute.
I : Je vois... Avec moi il est toujours calme, voire tête en l'air, même s'il est vrai que ces derniers temps il est bien plus dans ses pensées qu'à l’accoutumée.
La discussion continua encore quelque temps. Même s'ils ne laissaient rien paraître, Esteban et Zia avaient bien compris que Tao était différent en présence de leur amie, habituellement ils ne s'en rendaient pas compte car ils ne restaient pas aussi longtemps ensemble.
Cinquante minutes après son départ Tao revint, ses amis furent étonnés, il avait été bien rapide...
E : Tao ? Tu reviens bien tôt...
T : Je me suis dépêché, j'ai aussi eu de la chance : Zhu était dans la cour, ça a simplifié l'audience. Nous sommes cordialement invités à nous poser dans la grande cour du palais !
Zia le fixa un instant.
Z : Tao, tu es sûr que l'on doive vraiment faire ça ? En Espagne c'est une chose, ils ont vu le condor survoler Barcelone l'an dernier... Mais là on risque d'effrayer toute la population, non ?
E : Zia a raison, allons-y à pied, ce sera plus judicieux...
Le jeune groupe se rendit en ville, marchant en direction de la cité interdite ; pendant tout le trajet Indali resta en arrière, fixant Tao, elle repensait à sa discussion avec Zia et Esteban, de toute évidence Tao était très différent quand il était avec elle. Etait-il seulement son ami ou serait-il plus ? Elle devait en avoir le cœur net mais comment aborder le sujet ? « Je saurai le moment venu » se dit-elle.
Quelques instants plus tard, ils arrivèrent devant les portes de la cité interdite ; un garde les stoppa.
- : Halte la, passez votre chemin !
E : Excusez-nous mais nous sommes amis de l'empereur, voici notre passe-droit…
Esteban tendit leur papier, le garde recula d'un pas avant de s'excuser poliment, cependant il appela son collègue pour la fouille réglementaire.
Indali fut outrée, ce qui n'échappa pas à Tao, pourquoi les fouillait-on ? Ils n'étaient pas des criminels et étaient invités pourtant !
T : Indali, ne t'en fais pas, c'est la procédure, personne ne rentre sans fouille, même les plus grands amis de l'empereur, c'est une des reformes instaurées après des problèmes avec un serviteur du haut conseiller il y a dix ans.
I : Puisqu’ il le faut... Mais cela est tout de même choquant...
Les quatre jeunes gens écartèrent les bras avant d'être fouillés, le garde resta tout de même respectueux envers ces dames. Esteban dut laisser sa dague à l'entrée.
Une fois la fouille terminée, les deux gardes les laissèrent entrer tout aussi respectueusement.
Ils gravirent les marches et entrèrent dans la salle du trône avant de s'incliner en avant sans regarder l'empereur, Indali finit par en faire autant après avoir vu ses compagnons.
… : Relevez-vous, ne vous ai-je pas déjà dit que c'était inutile de vous incliner les amis ?
Zhu avait déjà dit à plusieurs reprises à ses amis qu'ils étaient dispensés de prosternation, cependant ils recommençaient toujours.
Zh : Oh ! Qui êtes-vous ?
Indali venait de se redresser, Zhu la fixait d'un air intrigué.
Z : Zhu, je te présente notre amie Indali, elle vient d'Inde, ne lui en veut pas, elle est très timide, c'est la première fois qu'elle vient à Pékin et tu lui fais un très grand honneur de l'accueillir, elle n'a pas l'habitude d'être hors de son village…
… : Indali ? Votre amie dont vous me parlez régulièrement ? Je te rencontre enfin !
Tout le monde tourna brusquement la tête dans la direction de la voix qui venait de s’exclamer ainsi.
C'était Mai Li. Esteban, Tao et Zia furent étonnés de la voir ici, et dans une tenue si ravissante, comportant des tons de jaune.
Z : Oh ! Bonjour Mai Li ! Comment vas-tu ? Mais que fais-tu ici ?
Zh : Oh, j'ai enfin réussi à la faire venir vivre au palais avec sa famille, cela fut difficile, le reste de la cour y étant incroyablement réticent… Mais que serait l'empereur s'il ne pouvait pas offrir de meilleures conditions à sa meilleure amie…
T : Je vois, mais tout de même j’ai du mal à comprendre pourquoi ta cour ne l’accepte pas, franchement qu'est-ce que cela peut bien leur faire ?
Zh : C’est toute une histoire de convenance, dont on me rabâche sans cesse les bases, mais je m’en fiche, le pire c’est que chacune de ces familles a un jour été choisie par un membre de ma famille. Ça ils semblent tous l’avoir oublié…
M : Ce n’est pas grave Zhu, tu sais bien que je me moque totalement de ce qu’on peut penser de moi…
Zh : Je sais bien, mais moi ça me touche, enfin bref, passons, dites-moi pourquoi parlez-vous de vos amis à Mai Li, et pas à moi… ? Vous ne m'aviez jamais parlé d’Indali…
E : Oh, c’est juste que…, ont pensaient que tu avais des choses plus importantes à faire que d’écouter nos histoires d’amitié …
Zh : Je vois, mais ce n’est pas la peine, vous savez un peu de nouveauté dans cette vie monotone ne me ferait pas de mal, je vous le dis, je m’ennuierais moins si j’étais encore prince…
Zia s’assit tranquillement à côté du trône…
Z : Tu sais Zhu, si tu n’étais pas empereur, on aurait quelques difficultés pour venir te voir…
Mai Li, qui jusque-là avait papoté avec Indali, intervint dans la conversation en souriant
M : C’est sûr que c’était embêtant de jouer les intermédiaires, mais bon c’est fini maintenant qu’ils peuvent venir.
Indali finit par prendre son courage à deux mains et engagea une conversation
I : Excusez-moi, je suis curieuse mais je me suis toujours demandée comment c'était de diriger, je n’ose pas le demander à mon radjah mais comme vous connaissez mes amis …
Zh : Tu sais, Indali, tu peux me tutoyer ! Tu sais, être dirigeant, c’est plutôt ennuyeux, on passe toute sa journée dans la salle du trône et on écoute des requêtes, je ne connais rien de plus ennuyeux… Heureusement que ma conseillère est là pour me tenir compagnie et me tenir informé des petits divertissements quotidiens…
T : Ta... Conseillère… ?
Zh : Oui j’ai nommé Mai Li conseillère, elle est beaucoup plus au courant des problèmes du peuple que son prédécesseur, nettement plus compétente, et surtout de bien meilleure compagnie.
Mai Li rougit légèrement sous l’effet du compliment.
M : Peut-être, ce n’est que ton avis…mais tu sais tu n’étais pas obligé d’aller jusque-là, ce cher Wang a très mal pris sa mise à pied, et même s’il n’y a aucune preuve, je suis persuadée que c’est en grande partie à cause de lui que la plupart de nos projets de loi sont mal reçus…
Zhu et Mai Li expliquèrent qu’ils initiaient de nombreux projets de loi pour rendre la vie plus agréable dans le pays, mais que la plupart devaient être abandonnés à cause du remue-ménage que cela provoquait parmi les hauts dignitaires.
E : Mais, Zhu, je ne comprends pas, ce n’est pas toi qui décide de tout ?
Zh : Bien sûr que si Esteban ! Mais je n’ai tout de même pas d’autres choix que d’écouter les avis des hauts dignitaires pour éviter l’anarchie totale. Vous le savez autant que moi tous les trois, un grand pouvoir engage de grandes responsabilités.
Z : Je crois comprendre parfaitement ce que tu entends par là… et quelles étaient donc ces réformes ?
M : La première était d’imposer un juste prix à toutes les marchandises de manière à ce qu’aucun producteur ne puisse trop jouer sur le prix et par conséquent ruiner totalement les autres, cette réforme avait pour but principal que tous les sujets puissent vivre sans risquer de tout perdre d’un jour à l’autre. Une seconde concernait un transfert de capitaux vers les grands ateliers tels que ceux de porcelaine ou de coton, de manière à ce qu’ils aient les moyens d’employer plus de monde, le but étant la diminution du chômage. A la rigueur cette réforme je peux comprendre qu’elle n’ait pas été approuvée, étant donné que les capitaux en question devaient provenir des caisses de l’état…
Zh : Tu as oublié la dernière, mais celle-ci nous n’avions pas d’immenses espoirs, il s’agissait de mettre en circulation une monnaie papier, de manière à conserver les réserves d’or dans les caisses et donc d’éviter un grand nombre de pillages... cependant comme je l’ai spécifié, celle-ci je comprends qu’elle soit mal passée même si le peuple semblait enthousiaste, les riches pensent avant tout à leurs intérêts… nous avons tout de même pour projet d’utiliser des pièces en différents métaux pour quantifier des valeur plus précises de monnaie.
Z : C’est fort impressionnent, mais il n’y a vraiment aucune réforme qui soit passée ?
M : Il y a bien la loi interdisant l’infanticide qui a été approuvée, mais nous n’avons aucune garantie de son bon respect…
Zia ne disait rien mais son regard voulait tout dire, Mai Li s’assit à côté d’elle…
M : Mais ne t’inquiète pas Zia : on finira bien par y arriver, de toute façon, ils devront s’incliner devant la volonté de l’empereur.
Mai Li prit les mains de Zia amicalement comme elle le faisait toujours, mais cette fois elle sentie quelque chose d’inhabituel, quelque chose d’à la fois froid et lisse sur son annulaire droit, avant de se rendre compte que c’était une bague, elle se mit à sourire…
M : Mais dis-moi, Zia, cette bague signifie-t-elle bien ce que je crois ?
Un sourire radieux éclaira le visage de la jeune mueenne, un sourire communicatif qui gagna ses camarades.
Z : Eh bien… oui, à vrai dire c’est la principale raison de notre visite cette fois, on est venu vous inviter à notre mariage
M : Ah ben, ce n’est pas trop tôt Esteban, tu as enfin compris que cette fichue promesse n’avait aucun sens et qu’elle faisait plus de mal qu’autre chose !
T : Non mais sérieusement Zia, y a-t-il seulement un de nos amis que tu n’ais pas mis au courant ?
E : Tao, aujourd’hui cela n’a plus d’importance…
Tao lui sourit, avec un air boudeur.
Zh : Je suis réellement ravi pour vous deux !
E/Z : Merci Zhu !
Zh : Cependant il m’est impossible de venir, entre mes obligations et les affaires à régler, sans compter que j’ai beau être l’empereur, il n’y a aucune chance pour que l'on me laisse partir comme cela, ce que je comprends parfaitement…
Z : Tu es absolument certain de ne pas pouvoir venir ?
Zh : Cela aurait vraiment été un grand plaisir, cela me fait beaucoup de peine mais je ne peux vraiment pas, mais je ne vais quand même pas vous laisser sans un émissaire, Mai Li viendra sans problème.
Cette dernière affichait un visage rempli de joie.
M : Ça sera même un honneur.
Plus tard dans la soirée, Mai Li montra à ses amis des appartements pour la nuit, il n’était pas question pour elle de les laisser marcher en ville à cette heure tardive, alors que les moyens d’hébergement ne lui manquaient pas.
Pendant la nuit, quelques personnes se déplaçaient dans la cour ; des ombres furtives se glissaient sous les porches, à l’insu des gardes qui ne surveillaient qu’exclusivement l’extérieur des murs. Le groupe, parfaitement silencieux, avait un but bien précis, situé de l’autre côté de la cour. Lorsqu’ils la traversèrent en réussissant à tromper l’attention des gardes, l’éclat de la lune éclaira un instant leurs silhouettes, dévoilant ainsi des instruments métalliques à leurs ceintures.
Au même instant, Zia se réveilla en sursaut, elle venait d’avoir un pressentiment qui l’avait glacé jusqu’aux os, elle resta figée quelques instants sur le lit, Esteban semblait commencer à se réveiller suite à ses mouvements brusques. Mais contrairement à toute attente Zia se leva précipitamment et courut vers l’extérieur, finissant de réveiller son compagnon qui fut d’abord effaré de sa réaction avant de la suivre.
Au même moment, les hommes entraient sans bruit dans la chambre de Mai Li endormie.
Puis l'un d'eux détacha son épée de sa ceinture avant de commencer à s’approcher le plus silencieusement possible de sa future victime, tandis que son camarade se rangea dans un coin de la pièce. L’assaillant était maintenant quasiment au-dessus de sa victime ; il brandit son arme, mais son dernier pas en avant fit craquer le parquet. Mai Li, brutalement réveillée, eut tout juste le temps de se décaler suffisamment pour éviter de recevoir l’arme en plein cœur. Elle poussa un hurlement de douleur quand la lame se planta entre son bras et son buste. Surpris mais déterminé, l’homme s’apprêtait à renouveler son attaque, et cette fois, tétanisée par la douleur et la peur, Mai Li n’avait plus la force de réagir ; elle ferma les yeux.
Au même moment Zia entra en trombe à l’intérieur de la pièce.
Z : Laissez la tranquille !
Après l’avoir regardé l’homme se mit à rire.
- : Une femme ! Et une sale étrangère ! Tu crois me faire peur ? Que comptes-tu faire pour m’empêcher de vous tuer toutes les deux ? Me crier dessus ? Laisse-moi rire !
Il reprit son action, mais au même moment son épée lui échappa avant de le frapper au crâne si fort qu’il tomba au sol inconscient…
Z : Personne ne touche à mes amis !
M : Zia !
Elle ne put en dire davantage, gémissant de douleur. Zia se pencha vers elle.
Z : Ne parle pas, ne bouge pas, ça m’a l’air assez grave…
La jeune femme entreprit de stopper l’hémorragie.
M : Zia ! Attention !!!
Le second homme qui visiblement attendait le moment propice pour agir, venait de surgir derrière elle, lui mettant sa lame sous la gorge…
A suivre...